Marinu chì sumena





(U Ribombu, janvier 2007)



Ange-Marie nous a quittés. Au sujet de sa personnalité, nos détracteurs habituels ont été, cette fois-ci, particulièrement discrets. Ce silence en dit long sur leur gêne. Que peuvent-ils déclarer pour tenter de salir son combat ? Que peuvent-ils avancer pour ternir l’éclat de son sacrifice ? Ange-Marie était unanimement apprécié par tous ceux – nombreux en Corse – qui le connaissaient. Militant de la première heure, père de famille, professionnel reconnu… Ayant parfaitement réussi sa vie, il n’avait besoin de rien pour lui-même. C’est la plus pure abnégation qui l’a conduit sur la voie de la lutte armée. L’amour de sa terre a guidé un combat incessant, de plusieurs décennies, sur tous les terrains syndicaux et politiques. Reconnu par tous, il constituait un pont entre les différents courants du mouvement national. Il avait d’ailleurs joué un rôle éminent lors du processus de réconciliation du Fiumorbu. Mais Ange-Marie était davantage que le militant dont chacun s’accorde aujourd’hui à saluer l’exemplarité. Il était un homme hors du commun. Sa personnalité, marquée à la fois par une grande profondeur, une énergie stupéfiante et une incroyable joie de vivre, ne laissait personne indifférent. Comme ami, il était d’une fidélité que rien ne pouvait altérer. À aucun moment, les difficultés de la vie ne l’ont détourné des autres. Ange-Marie n’attendait jamais que vous lui demandiez son aide. Avant même que vous n’ayez pensé à le faire, il était à vos côtés. Avec une idée, souvent avec une solution. Mais surtout, avec une densité humaine qui nous manque déjà si cruellement.

Tous ceux qui ont eu la chance de partager son amitié le pleurent aujourd’hui. Mais, plus encore, ils remercient le ciel d’avoir pu le connaître, et puisent dans son souvenir la force de poursuivre le combat.


« Dai fiatu più chè pena,

Si marinu chì sumena... »


Addiu, amicu caru.


Jean-Guy Talamoni

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