« Paoli machiavélien : sources et développement du républicanisme corse au siècle des Lumières »
L’examen de la politique publique de Pasquale Paoli, et notamment l’étude de sa correspondance, montre que u Babbu di a patria manifesta une particulière inclination en faveur de la seconde. Le rapprochement a déjà été fait entre Paoli et Machiavel. Toutefois, l’examen systématique de la correspondance du premier et des textes du second révèle une identité intellectuelle particulièrement troublante. En fait, on chercherait en vain dans l’histoire politique un seul autre cas d’application aussi rigoureuse par un homme d’Etat des préceptes machiavéliens.
Bien entendu, lorsque l’on parle de Machiavel, il convient toujours de distinguer la pensée de l’auteur de sa caricature – résumée par le mot « machiavélisme », vocable dont le caractère nettement péjoratif est peu en rapport avec la portée et la complexité des écrits du Florentin.
Bien entendu, lorsque l’on parle de Machiavel, il convient toujours de distinguer la pensée de l’auteur de sa caricature – résumée par le mot « machiavélisme », vocable dont le caractère nettement péjoratif est peu en rapport avec la portée et la complexité des écrits du Florentin.
À cet égard, la pensée simplifiante a durant des siècles largement obscurci les choses. Certains ont vu en Machiavel le cynique précepteur des tyrans. D’autres, comme Rousseau, ont cru au contraire déceler dans ses écrits une généreuse volonté de mettre en garde le peuple contre les pratiques des hommes de pouvoir. Des lectures plus subtiles ont voulu distinguer l’auteur du Prince, infâme conseiller des despotes, du Machiavel républicain, celui des Discours sur la première décade de Tite-Live.
Il nous semble pour notre part que les différents ouvrages de Machiavel constituent bien la même œuvre, laquelle ne saurait du reste être limitée aux deux grands textes précités. La lecture de cette œuvre incomparable nécessite de toute évidence de s’écarter de tout manichéisme et de tout esprit de système, et surtout d’adopter une approche résolument complexe.
Bien entendu, l’étude de sa mise en pratique par Pasquale Paoli requiert le même respect de cette complexité, consubstantielle aux choses de la politique.
Vendredi 16 décembre à 9h 30, à l’Université de Corse, Jean-Guy Talamoni prononcera une communication sur le thème :
« Paoli machiavélien : sources et développement du républicanisme corse au siècle des Lumières »
Dans le cadre du séminaire « Le républicanisme, histoire, débats, enjeux »
(Salle DECA 003, Campus Mariani)