Intervention de Jean-Guy Talamoni devant la ministre Marylise Lebranchu (Assemblée de Corse, le 18 juillet 2014)




Madame la ministre,

Vous avez à l’instant cité Pascal Paoli : « L’égalité ne doit pas être un vain mot ». Et il est vrai que le chef de l’Etat corse du XVIIIe siècle a évoqué l’égalité, mais il a surtout parlé de liberté. Car si la Révolution française s’est faite autour de la notion d’égalité, la Révolution corse – comme, du reste, la Révolution américaine – a eu pour mot d’ordre « liberté ». Tous les textes de référence en attestent. Pascal Paoli observa notamment que « S’il suffisait de vouloir la liberté, le monde entier serait libre ». En ce début de XXIe siècle, la liberté demeure pour les Corses un objectif à poursuivre inlassablement…

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements français successifs se sont révélés incapables de trouver le moindre début de solution à ce qu’il est convenu d’appeler le problème corse.

Nous avons connu alternativement la politique de l’indifférence et celle de la répression. Les deux furent marquées par une insupportable injustice.

En 1999, Lionel Jospin, alors Premier ministre de la France, avait engagé un dialogue avec la Corse. Le mouvement indépendantiste y a participé avec une loyauté qui n’a jamais été mise en cause par personne. Ce processus de dialogue pris malheureusement fin lorsque Lionel Jospin fut éliminé au premier tour des élections présidentielles françaises.

Depuis, notre pays s’est enfoncé dans un marasme économique, social et culturel, dont Paris n’a jamais voulu seulement prendre la mesure.

À partir du début de cette mandature de l’Assemblée de Corse, les élus de l’île ont élaboré un projet de réforme visant à faire face à une situation de plus en plus préoccupante. Ils l’ont voté, en plusieurs volets, à des majorités massives. Je pense en particulier à deux questions essentielles, celles de la coofficialité de notre langue et du statut de résident.

Ce faisant, les élus ont démocratiquement exprimé la volonté de la Corse.

Cette évolution positive au sein de notre Assemblée a largement été prise en compte comme un immense espoir par la société insulaire.

Dans cet esprit et pour renforcer cet espoir, le Front de Libération Nationale de la Corse a pris une initiative unanimement saluée par les responsables de notre pays. Vous-même, ce matin sur la radio de service public, avez qualifié cette initiative de « geste », et il s’agit de toute évidence d’un geste majeur.

Ma question est donc la suivante : quel geste, réel, essentiel, le gouvernement français est-il prêt à faire de son côté pour aller dans le sens d’une solution politique au problème corse ?

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