« Dans le sillage de la lutte » d’Alain Mosconi : syndicalisme de combat
Si les moments importants, qui rythment la vie des peuples, doivent entrer dans les livres, c’est que tout le reste ne suffit pas. Les images de télévision sont rapidement ensevelies dans d’improbables archives d’où elles ressortent rarement – et de façon très sélective. Les articles de journaux finissent en de misérables tas de papiers jaunis où l’histoire ne semble pas pouvoir résider dignement. Certes Internet n’oublie rien, mais ne retient rien non plus. Quant à la mémoire humaine – individuelle ou collective –, elle n’est pas, on le sait, particulièrement fiable. Il nous reste le livre.
Alain Mosconi a décidé de rendre publique sa part de vérité sur « l’affaire du Pascal Paoli », et il le fait à travers un ouvrage synthétique et précis. À ceux qui, comme nous, ont suivi l’affaire de près, il rafraichira les souvenirs. Aux autres, il enseignera comment l’esprit de lucre et les arrangements entre coquins peuvent recevoir l’appui de la force armée. Aux Corses, il rappellera qu’une part de leur patrimoine a été confisquée par les voleurs institutionnels. Même les cocardiers français pourront y trouver leur compte en découvrant, ébahis, que l’armée française a fini par gagner une bataille navale, ce qui ne lui était pas arrivé souvent au cours de son histoire…
Quant aux nationaux, ils feront le lien avec les débats actuels, notamment celui autour de la compagnie maritime publique de la Corse, plus que jamais d’actualité. Ici comme en d’autres domaines, rien ne viendra jamais de la bienveillance parisienne. En ces temps d’incertitudes et d’espoirs – de rapports de forces également –, la Corse a besoin d’un syndicalisme clairement enraciné dans le mouvement national, d’un syndicalisme de combat.
À cette grande idée, Alain Mosconi apporte ici une belle contribution.
(Editions Albiana, Ajaccio, 2013)