Marine Le Pen et la Corse
La visite de Marine Le Pen dans l’île a été l’occasion, pour un certain nombre de journaux, de déceler dans son discours une prétendue main tendue aux nationalistes corses. En ce qui nous concerne, nous ne nous livrerons pas à une analyse des propos de cette candidate à l’élection présidentielle française, propos qui nous indifférent totalement.
L’idéologie véhiculée par le Front National est radicalement contraire aux valeurs que nous défendons. Nous nous situons résolument pour notre part dans l’héritage du paolisme, qui, au cœur du XVIIIe siècle, avait inscrit la tolérance, notamment religieuse, au premier rang de ses principes.
Notre nationalisme a toujours été un nationalisme de résistance, une démarche de survie de notre peuple et non de mépris, d’exclusion, ou de rejet envers les autres.
En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais combattu que ceux qui – avec leurs armes ou leur argent – prétendaient faire la loi dans notre pays. Nous avons toujours accueilli fraternellement ceux qui venaient travailler en Corse pour subvenir aux besoins de leur famille.
Notre démarche est donc aux antipodes de celle de Jean-Marie et Marine Le Pen.
C’est la raison pour laquelle le mouvement national avait interdit le père de séjour sur la terre de Corse. Rappelons que ce dernier avait naguère été contraint de tenir l’une de ses réunions de campagne dans une salle de l’aéroport d’Aiacciu, avant de réembarquer piteusement sous escorte policière.
Si la fille tente aujourd’hui d’édulcorer le discours du Front National, les Corses ne doivent pas s’y laisser prendre : le fond est toujours le même.
Aussi, ceux qui se reconnaissent dans le mouvement patriotique corse ne devront jamais faire la moindre concession au Front National et à l’idéologie – d’un autre âge – dont il est porteur.
Jean-Guy Talamoni