Le choix de la liberté






Dans quelques jours aura lieu un référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Il s’agira à l’évidence d’un moment essentiel dans la longue marche de cette vieille nation vers le recouvrement de ses droits collectifs.
Pris en tenaille entre l’absolutisme castillan et le « nordisme triomphant » (Frédéric Mistral), les Catalans devront résister, durant leur longue et terrible histoire, en mobilisant toutes leurs forces humaines, culturelles et spirituelles.

Au XIXe siècle, les rimes de l’Oda a la Pàtria de Bonaventura Carles Aribau donnaient le départ de la première Renaissance. Plus d’un siècle après, la chute du franquisme ouvrait la voie à un nouvel espoir, lequel était rapidement déçu par une « démocratie » espagnole qui ne devait pas tenir ses promesses. Entre-temps, combien de souffrances, combien de sacrifices, combien de désillusions…

Aujourd’hui, le peuple catalan s’organise et s’élance vers l’avenir à travers un troisième sursaut national.
Que peut évoquer, pour un indépendantiste corse, l’événement que constitue ce référendum ?

Tout d’abord, la mémoire de Pasquale Paoli, chef d’Etat de la Corse indépendante au XVIIIe siècle. Celui-ci – au cœur d’une Europe monarchiste –, créa une république et consacra le premier, en préambule à sa Constitution (1755), le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce droit que les Catalans s’apprêtent à exercer…
Ensuite, le souvenir de Francesc Macià, qui fut comme Paoli un grand politique et dont la figure tutélaire planera sur ce scrutin historique.
Enfin et surtout un immense espoir : celui de voir un peuple frère tracer de façon irréversible son chemin vers la liberté.

Pour donner à la patrie de Joan Maragall, de Luis Illach, de Gaudí et d’Antoni Tàpies, un avenir digne de son passé et de son présent.
Celui d’un pays maître de lui-même.

Jean-Guy Talamoni
Président du groupe indépendantiste à l’Assemblée de Corse

(Article publié dans le journal catalan L'Avui).

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