Le colonialisme au présent







« Attendons. La France quittera décidément le temps et l’espace coloniaux bien plus tard. (…) même si d’autres couleurs ont remplacé sur la planisphère le rose symbolique de l’Empire, les Français vivent toujours leur supériorité, sauf qu’elle est un peu plus en eux-mêmes enfouie, plus au bas, probablement dans les replis de leurs intestins. Autrefois hautaine, cette supériorité, sachant que ses jours sont comptés, devient hargneuse. »

Jean Genet, Entretien avec Tahar Ben Jelloun pour Le Monde (novembre 1979).1

Vingt ans plus tard, ces lignes demeurent d’actualité. La situation n’a guère changé. L’arrogance coloniale n’a pas disparu, même si elle s’exprime de façon plus prudente qu’au XIXe siècle, époque où Jules Ferry pouvait évoquer sans ambages « les races inférieures ». Sans doute, l’expression de Jean Genet « les Français » est-elle par trop globalisante : de nombreux français ne partagent pas cet état d’esprit. Mais les élites parisiennes demeurent majoritairement dans la même démarche politique et intellectuelle. Cette dernière s’exprime parfois clairement, voire de façon provocante (Cf. les « bienfaits de la colonisation » !). Elle a parfois recours à la rouerie, n’hésitant pas, par exemple, à accuser le LKP de racisme !
Heureusement que depuis quelques décennies le monde a considérablement évolué, comme la place qu’il réserve désormais à la France.
On imagine ce qu’il adviendrait de nos peuples si l’hexagone avait encore tous les moyens de sa politique !

1. L’ennemi déclaré, Gallimard, 1991, p. 207.

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