De Marcu Maria Albertini à Yvan Colonna : la justice au nez tordu








« Torce u nasu à a Ghjustizia » (tordre le nez à la justice). Cette expression signifie violer, pervertir la justice. Les Corses ont une longue expérience de ce genre de pratiques qu’ils subissaient déjà à l’époque génoise. Après une parenthèse de quatorze années d’indépendance nationale, la France renoua avec ces habitudes, qui avaient déshonoré l’administration judiciaire de la Sérénissime république. Un exemple est resté dans toutes les mémoires : l’affaire de la « révolte du Niolu » de 1774, et tout particulièrement le cas de Marcu Maria Albertini, enfant de quinze ans condamné et exécuté sur la base d’un faux procès-verbal le présentant comme « âgé d’environ vingt ans, travailleur de terre de profession ».1 Comment ne pas faire le rapprochement avec les faux procès-verbaux du commandant Lebbos, que l’on retrouve dans les dossier Castela-Andriuzzi et Colonna ? Aujourd’hui comme au XVIIIe siècle, la vengeance d’Etat ne recule devant aucune déloyauté, devant aucun mensonge, devant aucune injustice…

Les nouveaux magistrats français en charge du dossier Colonna accepteront-ils d’avaliser à leur tour les méfaits de cette « ghjustizia nasitorta »?


J-G Talamoni



1. Audition de Marcu Maria Albertini, in : François Flori, Le procès des Niolins, 1774, Corsoffset, Bastia, 1975.

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